„Tous dans le meme avion, c’était une énorme erreur!”, Le Matin

11 kwietnia 2010 r.

 

Eryk Mistewicz, 42 ans, conseiller en communication, a participé a plusieurs campagnes électorales en Pologne. Bouleversé par l’accident, proche de plusieurs victimes, il est descendu avec ses deux enfants dans la rue a Varsovie hier apres-midi. 

Quelle est la réaction des gens qui vous entourent? 

Etrange. Il y a des centaines de personnes qui affluent devant le palais présidentiel. Certaines pleurent, la plupart sont silencieuses et désemparées. Devant les portes, il n’y a plus de place pour les fleurs et les bougies. J’ai serré la main de dignitaires que je connais, mais sans prononcer un mot. Mon pays n’a pas seulement perdu un président, mais toute son élite. C’est horrible. 

Est-ce la fin de la Pologne? 

Non, pas plus qu’en 1940. ŤLa Pologne est vivanteť, dit notre hymne national. Nous sommes tres romantiques, nous avons survécu a deux siecles de soumission, mais nous avons toujours cru en notre avenir. 

Pourquoi autant de responsables dans le meme avion? 

C’était une énorme erreur. Nous n’avons que deux Tupolev pour les délégations officielles, vieux de plus de trente ans parce qu’on ne veut pas gaspiller les deniers publics. Les dignitaires étaient dans le premier, les journalistes dans le second, plus petit. Hier soir, Rzeczpospolita, le journal le plus influent en Pologne, m’a téléphoné pour me demander la liste des passagers. Le rédacteur s’étonnait qu’ils prennent tous le meme avion. Je me suis dit: ŤSi cet avion s’écrase, c’est une catastrophe nationale.ť 

Devaient-ils vraiment tous etre a Katyn aujourd’hui? 

Le président Lech Kaczynski voulait accomplir un geste symbolique en réunissant tous les gens qui comptent sur les lieux du massacre, histoire de signifier le pardon. Il avait meme invité son principal concurrent aux élections présidentielles, le candidat socialiste Jerzy Szmajdzinski. Il ne manquait que son frere jumeau, resté a Varsovie au chevet de leur mere qui est tres, tres malade. Juste avant le départ, l’ombudsman polonais, Janusz Kochanewski, a envoyé un dernier message sur le réseau social Twitter. Il disait: ŤKATYN. Nous les Polonais, nous les Russes, nous devons coopérerť.

Christine Salvadé