Qui devrait-il être ? Quel est son rôle ? A-t-on encore besoin de lui ?
D’abord, le journaliste dans le monde des nouveaux media sera un organisateur d’espace, un modérateur de discussions. Ce sera à lui d’inviter des interlocuteurs et de les encourager à s’exprimer dans tous les espaces de communication possible. Certes, c’est peut-être plus le rôle d’un „Manager de Communauté” que d’un journaliste, tel qui il est conçu par les universités polonaises aujourd’hui.
Ensuite, le journaliste du monde 2.0 devra être multi-instrumentaliste. Des posts rapides sur Twitter, aux publication d’analyses plus profondes collectées sur les pages webs d’auteurs, des podcasts, des e-books, le journaliste devra être capable de se servir des toutes les nouvelles techniques de l’information et de la communication, et connaitre le CMS, HTML, AUdacity, CoolEdit, iMovie.
Dans un troisième temps, le journaliste devra être quelqu’un, avec un nom soigneusement construit. C’est pour cela que les journalistes se tournent de plus en plus vers des consultants en image de marque. En effet du champ de bataille, seulement peu seront, ce que j’appelle des „Siri de l’Information”, dirigeants l’opinion publique mondiale. Les autres travailleront pour eux.
Le journaliste du futur, devra se déplacer d’un comité de rédaction à un autre en emportant avec lui son capital : son public. „Posseder le public” sera le premier facteur qui permettra à un journaliste d’être invité à publier dans un journal, ou à intégrer une certaine communauté. Je ne serais pas surpris si l’élément le plus important du CV du journaliste deviendrait bientot son nombre de fan sur Twitter our Facebook, qui suivraient ses publications et opinion partout où il aparaitrait.
Il faudra aussi que ce nouveau journaliste pense et agisse de façon globale en publiant au moins dans deux langues. En utilisant l’effet d’échelle il créera des liens mondiaux dans son domaine de compétence. C’est pour cela que, par exemple, les textes des auteurs polonais du quadrimenstruel „Nowe Media” sont toujours accompagnés de résumés en langue anglaise et française. Cette direction, s’ouvrir sur le monde, est une necessité aujourd’hui.
L’intuition, l’experience et la connaissance, fera que le journaliste devient un créateur de tendances, un mentor, un guide. Les destinataires attendront de lui qu’il réponde aux innovations technologiques, qu’il collecte et qu’il traite l’information, qu’il sache comment faire correspondre les nouvelles applications et gadgets à leurs besoins. Pour ses destinataires il est celui qui convertira l’information en connaissance.
Enfin, les journalistes des nouveaux medias comprennent qu’il s’agit d’abord et avant tout de savoir comment nous, êtres humains, utilisons et assimilons l’information. Tout ce qui concerne la technologie, la transmission technique est épisodique, variable, tout comme dans les domaines du marketing ou des relations publiques. Le monde change si vite que ce que nous avons appris hier ne vaudra pas grand chose demain. Et même dans le journalisme ce n’est pas et ça ne sera pas le plus important.
Eryk Mistewicz
Ce texte a été publié en polonais dans le n°2/2013 du hebdomadaire „Do Rzeczy”