Ma télévision est inutile

Les postes de télévision dans nos salons se font de plus en plus grand, alors qu’on en a de moins en moins besoin. Par exemple, pourquoi est-ce que j’aurais à regarder une pub pour lait de bébé ? Cela n’a pas de sens.

Pourquoi aussi aurais-je à m’intéresser à la météo de Paris, alors que je suis à Strasbourg, et que dans la soirée je me rendrai à Lyon. Pourquoi est ce que ma télé ne me montre pas ce que j’attends, ce dont j’ai besoin. Pourquoi est-ce que ma télé est-elle seulement une décharge à ordure qui couvre le mur de mon salon ?

Ou pourquoi aurais-je à subir une météo datant des anees 70., pour connaitre quelle sera la météo à Paris et à Lyon, pas plus ?

Le monde est allé de l’avant, la télévision n’a pas bougé.

Ma télé ne m’apprend rien. Elle diffuse les mêmes programmes pendant 30 ans. Peut-être un peu plus colorés, joyeux, avec la prétention de nous déstresser encore plus.

Ma télé me tire vers le bas. A me montrer tous les recoins de l’affaire telement stupides, elle passe à côtés d’importants débats de société.

Ma télé me propose un programme destiné à tout le monde, donc à personne. Elle ne me comprend pas. Pourtant elle pourrait m’accompagner partout comme un livre que je commencerai en version papier, que je continuerai sur kindle, sur mon ordinateur portable, et que je finirai dans le taxi sur mon smartphone.

Ma télé m’offre des produits que je n’achèterai jamais. Les shampoings pour enfants, les prothèses dentaires… Et pourtant en écrivant des emails tous mes intérêts, mes passions, ont été répertoriés. Facebook, Google, savent exactement ce que je veux.

Le problème n’est pas la technologie. La façon prédatrice dont nos données personnelles sont collectées le montre bien. Avec notre accord, mais souvent sans qu’on n’en soit vraiment conscients. « Il y a des cookies », « Je ne comprends pas, mais j’accepte », sont les avertissements qui m’ont récemment le plus divertis sur l’internet polonais.

Toutefois, sans une approche humaniste, sans connaissance, sans se plonger dans la philosophie, il est difficile de construire de bons projets. La philosophie mène à une compréhension de l’homme, de ses limitations, et de ses besoins. Ce savoir est plus important que la recherche de l’expérience de l’utilisateur.

Jeff Binder, avec Genovation Capital, prévoit que le chaos à l’intersection entre les hommes et la télévision durera encore dix ans. Selon moi, c’est le manque d’une philosophie des nouveaux medias qui tire les Steve Jobs vers la médiocrité, vers un monde pressé ou ce qui est cher et n’a pas de valeur est devenu roi. Si nous perdons, avec autour de nous tant d’innovation inutile, de bruit, c’est que le monde des nouveaux medias est dirigé par des techniciens. Ils détruisent par le bruit qu’ils font, ils détruisent par leur médiocrité. Je n’ai toujours pas trouvé une idée pour une façon simple et intuitive d’utiliser la télé selon l’esprit des nouveaux medias.

Eryk Mistewicz

Ce texte a été publié en polonais dans le n°23/2013 du hebdomadaire „Do Rzeczy”