4 sierpnia 2011
VARSOVIE – Le gouvernement polonais a annoncé jeudi une vague de limogeages parmi les hauts gradés de l’armée de l’air suite aux conclusions de l’enquête sur le crash de l’avion présidentiel en avril 2010 à Smolensk (Russie), alors que la campagne pour les élections législatives prévues le 9 octobre vient de démarrer.
Dans son rapport publié vendredi, la commission d’enquête polonaise a reconnu que les principales causes de la catastrophe de Smolensk, qui a coûté la vie à 96 personnes dont le président Lech Kaczynski et son épouse, se trouvaient du côté polonais.
Le premier ministre Donald Tusk a annoncé jeudi la démission de trois généraux et dix autres officiers de l’armée, responsables de la formation au sein de l’armée de l’air.
„J’ai accepté les décisions rapides” (du nouveau ministre de la Défense), a déclaré M. Tusk à la presse.
Il a également annoncé le départ du vice-ministre de la Défense Czeslaw Piatas et de deux autres hauts responsables au sein de ce ministère, ainsi que la dissolution de l’unité de l’armée air chargée jusqu’alors du transport des personnalités officielles.
Parmi les causes de l’accident, la commission d’enquête a cité „le niveau de formation de l’équipage (militaire) qui constituait une menace à la sécurité des vols”.
Désormais, le transports des personnalités à l’étranger sera pris en charge par la compagnie nationale d’aviation LOT.
La publication du rapport avait déjà entraîné vendredi la démission du ministre de la Défense Bogdan Klich, remplacé par Tomasz Siemoniak.
Le coup de balai du gouvernement intervient alors que le président Bronislaw Komorowski a annoncé que les élections législatives auront lieu le 9 octobre.
Une décision qui ouvre une campagne électorale où la catastrophe de Smolensk sera en bonne place.
„Ce sera le centre de la campagne de Jaroslaw Kaczynski”, le leader du parti conservateur d’opposition Droit et Justice (PiS), explique à l’AFP Eryk Mistewicz, consultant en marketing politique.
M. Kaczynski, frère jumeau du président défunt, a de nouveau demandé jeudi la démission du Premier ministre.
Dans cette catastrophe, le PiS a perdu plusieurs de ses dirigeants, „c’est sa catastrophe, ce sont ses victimes, certains parlent même de complot de la part des Russes et de M. Tusk”, souligne M. Mistewicz.
Le Tupolev 154 qui transportait le président Kaczynski, son épouse et d’autres hauts responsables politiques et militaires polonais, s’est écrasé en tentant d’atterrir par un épais brouillard à Smolensk dans l’ouest de la Russie.
La délégation polonaise devait assister aux cérémonies à Katyn (près de Smolensk) marquant le 70e anniversaire du massacre d’environ 22.000 officiers polonais prisonniers de l’Armée rouge par la police secrète soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.
„Smolensk est un sujet très sensible en Pologne et c’est un sujet captivant car pour certains c’est toujours l’énigme sur les causes de cette catastrophe”, indique M. Mistewicz.
La campagne électorale sera „très émotionnelle et très courte”, à peine plus d’un mois, compte tenu des vacances du mois d’août, fait-il remarquer.
A deux mois des législatives, la Plateforme civique (PO) du Premier ministre libéral et pro-européen Donald Tusk est crédité de 39% des intentions de vote, contre 29% pour le PiS de Jaroslaw Kaczynski, selon un sondage de l’institut SMG/KRC réalisé le 3 août.
Le parti social-démocrate SLD est crédité de 12% des intentions de vote, alors que le petit parti paysan PSL, actuellement allié des libéraux au pouvoir, n’obtient qu’un soutien de 4% soit moins que le seuil d’éligibilité de 5%.